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“Le royaume couvre les 4/5èmes de la péninsule arabique avec plus de 2 millions de km² dont 90% sont désertiques. Composé de 13 provinces, le pays est bordé à l’ouest par la mer Rouge, à l’est par le Golfe arabo-persique, au nord par le Koweït, l’Irak et la Jordanie et au sud par la République du Yémen et le sultanat d’Oman.
En l’absence de recensement, depuis 1992, la population est estimée à 20 millions d’habitants dont environ 35% d’immigrés arabes, indo-pakistanais et africains. Plus de 50% des habitants ont moins de 20 ans, Ils étaient majoritairement nomades jusqu’à la fin des années 60, ils sont aujourd’hui largement urbanisés et sédentarisés.
L’analphabétisme touche encore 38% des femmes et 19% des hommes.”
Xavier de Villepin, L’Arabie Saoudite: terre d’Islam et pays pétrolier, mai 2000 (site du Sénat de la République française) – reproduction autorisée par le site d’origine
Description géographique
“Baignée à l’est par le golfe Persique et à l’ouest par la mer Rouge, l’Arabie Saoudite occupe les quatre cinquièmes de la péninsule Arabique. Elle est bordée par la Jordanie, l’Iraq et le Koweit au nord, par l’Oman et le Yémen au sud, et par les Emirats arabes unis et le Qatar au sud-est.
Hormis quelques régions montagneuses, la plus grande partie du pays est désertique. C’est d’ailleurs en Arabie Saoudite que se trouve le plus grand désert de sable du monde, le Rub al-Khali. Les sécheresses peuvent durer plusieurs années, avec des températures dépassant 45 ºC à ºl’intérieur du pays pendant l’été. Sur les côtes, les températures sont moins élevées, mais le haut taux d’humidité rend la chaleur inconfortable. L’Arabie Saoudite n’a aucune rivière ou étendue d’eau permanente ; les cours d’eau s’assèchent l’été. La plus grande oasis du monde, al Hasa, est située dans l’est de l’Arabie Saoudite : on y a entrepris de grands projets de reconquête des terres pour la culture. La plupart des Saoudiens vivent dans les régions côtières ou dans les oasis.
Là où il y a assez d’eau (excepté dans les hauteurs), on cultive des dattiers ; tant les citadins que les habitants du désert sont de grands consommateurs de dattes. Régulièrement, à des intervalles de six ou sept ans en moyenne, des nuées de sauterelles envahissent le pays et dévorent une grande partie de la végétation.
Certains Saoudiens utilisent encore le chameau, que l’on appelle parfois “navire du désert”, comme moyen de transport. Son lait nourrit les voyageurs entre deux points d’eau, sa viande est comestible, son poil sert ˆ la fabrication de vêtements, et ses excréments, de combustibles. On élève aussi des moutons pour la viande et la laine, et des chèvres pour le lait, avec lequel on fait du fromage.
Les régions côtières abritent des flamands roses, des aigrettes et autres oiseaux des mers. Les pêcheurs rapportent dans leurs filets maquereaux, mérous, thons, sardines et crevettes. Les requins sont nombreux au large de la côte sud de la péninsule arabique, et il arrive qu’une baleine remonte dans le golfe Persique.”
L’Arabie saoudite (Projet des Profils culturels, Centre Anti-Racism, Multiculturalism and Native Issues (AMNI), Faculté de travail social, Université de Toronto, avec l’aide de Citoyenneté et Immigration Canada) (reproduction autorisée)
La société
“L’Arabie saoudite est une monarchie traditionnelle et conservatrice où l’islam, religion officielle, règle tous les aspects de la vie quotidienne. Il est d’ailleurs interdit d’y pratiquer toute autre religion et d’y importer des livres et des articles à cette fin. Les produits du porc et le matériel pornographique y sont également interdits.
(…) S’ils semblent ne pas respecter rigoureusement les règles de conduite du pays, les étrangers risquent d’être harcelés, poursuivis ou même agressés par la mutawa (la police des moeurs) ou par des particuliers saoudiens. Ces incidents ne sont toutefois pas fréquents.
Les femmes ne sont pas autorisées à conduire une voiture ou à circuler à bicyclette. La danse, la musique et le cinéma leur sont défendus. Les femmes et les hommes ne peuvent être ensemble en public, à moins d’être accompagnés d’autres membres de leur famille. Une femme arrêtée parce qu’elle est en compagnie d’un homme qui n’est pas de sa famille peut être accusée de prostitution. Il est arrivé récemment que certains restaurants refusent l’entrée à des femmes qui n’étaient pas accompagnées d’un proche parent de sexe masculin. En outre, les femmes et les enfants doivent avoir la permission d’un parent de sexe masculin pour sortir du pays.
Les pratiques homosexuelles sont considérées comme un délit criminel et les personnes reconnues coupables à ce titre sont passibles d’une flagellation ou d’une peine de prison ou des deux, ou sont condamnées à mort. La police des moeurs, la mutawa (société pour la prévention du vice et la protection de la vertu), applique de façon très stricte ces normes conservatrices. (…)
En Arabie saoudite, les femmes sont tenues de respecter les règles austères du code vestimentaire: elles devraient porter des vêtements sobres et amples, recouverts d’une longue cape, ou abbaya, qui couvre les bras, des épaules aux poignets, et le corps tout entier, du cou aux chevilles. Elles devraient aussi emporter un foulard pour se couvrir les cheveux si cela leur est demandé. De leur côté, les hommes ne doivent pas porter des shorts ou sortir sans chemise.”
Source : Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada; reproduction pour utilisation publique non-commerciale autorisée par le MAECI
Mosquée centrale Al Bathaa, à Ryad
Bruno Girin (bruno@toutatis.demon.co.uk) / DHD Multimedia Gallery
Reproduction autorisée par le site d’origine
HistoireUn regard sur l’histoire
“Au tout début du VIIe siècle, l’Arabie Saoudite était un pays de tribus nomades et de petits villages regroupés autour d’oasis. C’est alors que le prophète Mohammed parla de ses visions prophétiques lui révélant l’existence d’un dieu unique, Allah. Ce message et l’établissement d’un nouvel Etat musulman, dont la capitale était Médine, unifia les pays du Moyen-Orient pour la première fois. Quand le quatrième calife, Ali, déplaça le centre du pouvoir musulman en Iraq, l’Arabie perdit beaucoup de son importance, même si La Mecque et Médine restaient de grands centres religieux. Plus tard, les califes de Damas et de Bagdad perdirent leur pouvoir sur le monde musulman et la majeure partie de l’Arabie repassa sous l’autorité des tribus.
À partir du milieu du XVe siècle, la dynastie Saud régna sur la région de Diriyah, ville située près de la capitale actuelle, Ryiad. Au XVIIIe siècle, le dirigeant Saud s’allia au réformateur religieux Mohammed Ibn Abdual-Wahhab, qui prêchait un retour au respect rigoureux des lois islamiques; avec l’appui des armées de Saud, le mouvement islamique wahhabite se répandit bientôt dans presque toute l’Arabie.
Au XIXe siècle, comme la famille Al-Saud dominait la presque totalité de la péninsule Arabique, l’Empire ottoman envoya son armée pour rétablir son autorité dans la région. L’armée ottomane prit Diriyah en 1818, mais en 1824 les Al-Saud avaient reconquis l’Arabie centrale et établi leur nouvelle capitale à Riyad. Suivirent alors de nombreuses années de troubles et de guerres tribales.
L’affaiblissement de l’Empire ottoman et la Première Guerre mondiale fournirent à Ibn-Saud l’occasion voulue pour se faire couronner roi du Hedjaz et du Ndedj en 1927. Le 23 septembre 1932, le pays se proclama état islamique indépendant, avec l’arabe comme langue officielle et le Coran comme Constitution. L’Arabie Saoudite est aujourd’hui gouvernée par la famille royale des Saud. La famille Wahhab est responsable des affaires religieuses.”
L’Arabie saoudite (Projet des Profils culturels, Centre Anti-Racism, Multiculturalism and Native Issues (AMNI), Faculté de travail social, Université de Toronto, avec l’aide de Citoyenneté et Immigration Canada) (reproduction autorisée)
Enjeux”I. Situation intérieure: des changements en perspective
Monarchie autoritaire, l’Arabie Saoudite ancre sa légitimité dans le prestige de la famille Al-Saoud.
La dimension religieuse du pouvoir royal est très importante: le roi Fahd a tenu à le souligner en ajoutant à ses titres celui «de Serviteur des deux lieux saints » (la Mecque et Médine).
Fondé sur une application stricte de la loi coranique, le régime ne dispose pas de constitution et d’instance législative; il n’existe ni élections, ni partis, ni liberté civile et politique, ni libre exercice de cultes non musulmans. L’archaïsme du système va de pair avec une stabilité politique qui ne devrait pas être mise en cause à court terme. Le roi Fahd se trouve à la tête du royaume depuis 1992.
Le successeur désigné du monarque est le prince héritier Abdallah. La succession a été au centre des préoccupations intérieures après l’accident cardiaque et cérébral du roi Fahd, le 30 novembre 1995. La prochaine relève ne devrait pas être l’occasion d’un saut de génération et le schéma de succession est désormais bien arrêté.
Le prince héritier conduit les affaires de l’Etat, il bénéficie du soutien des tribus et des religieux, de l’appui des clans contrôlant la garde nationale. Il est certes le principal décideur du pays mais doit encore composer avec l’entourage du roi et ses demi-frères.
Dans cette période de transition, le régime n’apparaît pas menacé par une opposition islamiste diffuse et souterraine. L’opposition s’exprime surtout à l’étranger, à Londres, et par les Afghans arabes inspirés par Oussama Bin-Laden depuis l’Afghanistan.
Les attentats de Riyad (novembre 1995) et de Dahran (juin 1996) ont constitué un avertissement sérieux pour le pouvoir.
La loi coranique est appliquée dans toute sa rigueur, la presse est docile, l’armée surveillée. Le souci sécuritaire ne s’est pas relâché pas plus que la vigilance à l’égard de la communauté chiite du royaume (environ 10% de la population).
Le wahhabisme (islam sunnite saoudien) insiste avant tout sur l’unicité de Dieu, refuse le principe d’intercession des Saints et déclare infidèles les musulmans qui ne respectent pas strictement la loi. Pour eux, les chiites sont des hérétiques. L’islam dans le pays peut être qualifié de strict et puritain.
II. La politique étrangère saoudienne
La diplomatie saoudienne est traditionnellement dominée par le souci de préserver la sécurité du royaume, de défendre les causes musulmanes tout en maintenant, dans un environnement régional instable, des relations aussi solides que possible avec l’allié et protecteur américain.
Le royaume wahhabite maintient une ligne dure à l’égard de l’Irak et une méfiance irréductible et rancunière vis-à-vis de Saddam Hussein dont l’élimination est souhaitée.
Par contre, la normalisation avec Téhéran est devenue une priorité alors que l’Iran était traditionnellement redouté en raison de sa capacité de nuisance.
Le réchauffement des relations entre les deux pays s’est amorcé à la faveur de l’élection du Président Khatami en 1997.
Le royaume soutient le processus de paix au Moyen-Orient en se montrant soucieux du statut de Jérusalem et de l’intégrité des lieux saints islamiques. Sur ces questions on peut voir se dégager un triangle de décisions entre l’Égypte, la Syrie et l’Arabie Saoudite.
Par solidarité islamique, l’Arabie n’a pas renoncé à se poser en champion des musulmans et accorde une aide aux pays arabes et islamiques les plus pauvres directement ou par le biais des organisations fondées à son instigation.
Les autorités saoudiennes semblent prendre leurs distances avec les Talibans en raison du dossier Bin-Laden.
La diplomatie saoudienne reste proche de l’Occident, la crise du Golfe a renforcé encore le partenariat avec les États-Unis, premier fournisseur et surtout premier investisseur. Avec près de 35 000 ressortissants la présence américaine est visible.
Cette alliance cinquantenaire avec les États-Unis demeure sans alternative, elle permet à l’Arabie Saoudite de bénéficier d’une garantie de sécurité externe en retour d’un approvisionnement régulier en pétrole.
La concertation politique est constante, les deux pays sont en phase sur les principaux dossiers, mais c’est sur l’Irak que la convergence est la plus forte.
Conclusion
L’économie saoudienne reste lourdement tributaire du secteur pétrolier (30% du PIB, près de 90% des exportations et 75% des recettes budgétaires).
L’Arabie Saoudite constitue par sa puissance un véritable chef d’orchestre du marché pétrolier. Elle est le premier fournisseur des États-Unis devant le Venezuela. En 2005, on prévoit que l’Amérique importera près de 60% de ses besoins pétroliers, un tiers en provenance du Golfe persique.
Les États-Unis ont des objectifs majeurs au Moyen-Orient :
1) survie d’Israël comme Etat libre et prospère,
2) maintien des fournitures pétrolières dans le monde,
3) empêcher l’Iran et l’Irak de disposer d’armes de destruction massive.
L’Arabie Saoudite reste confrontée à la nécessité d’engager des changements en profondeur permettant à son économie, basée sur la rente, de se diversifier et d’élargir ses ressources pour répondre aux besoins d’une population en forte croissance.
À plus long terme, la stabilité du pays dépendra de la possibilité et de la volonté de ses dirigeants de mettre en œuvre, outre des réformes économiques, de nécessaires mutations politiques et sociales.”
Xavier de Villepin, L’Arabie Saoudite: terre d’Islam et pays pétrolier, mai 2000 (site du Sénat de la République française) – reproduction autorisée par le site d’origine
“Soi-disant alliée de l’Europe occidentale, l’Arabie Séoudite a contribué à développer les mouvements islamistes sunnites, tant pour contrer les Islamistes chiites «hérétiques» de Téhéran que pour dissoudre le nationalisme arabe socialisant, encouragé par les Soviétiques. L’Arabie Séoudite était résolument opposée au courant nationaliste arabe socialisant car elle craignait de devoir partager avec les autres pays arabes le pactole pétrolier fourni par les plus grands gisements du Moyen-Orient. C’est en partie pour cette raison que la monarchie séoudienne proclama et finança le projet islamique d’unité de tous les musulmans, entreprise qui avait l’avantage de contrer doctrinalement et géopolitiquement le nationalisme arabe sans pour autant pouvoir être réalisée dans l’immédiat, l’Arabie conservant pendant ce temps le leadership au sein du monde arabo-islamique grâce à sa suprématie pétrolière et à son rôle de gardienne des Lieux-Saints. «Les Islamistes, écrit Yves Lacoste, doivent une grande partie de l’influence qu’ils exercent dans l’ensemble des pays musulmans aux moyens financiers que leur donne la dynastie saoudienne depuis l’époque où il lui importait de contrer les thèses nassériennes de l’unité arabe par l’exaltation d’un projet plus flou et plus lointain, donc moins dangereux, celui de l’unification de tous les Musulmans. D’où le financement par l’Arabie Saoudite des mouvements fondamentalistes (…) aide, amorcée dans les années 70 (…) avec l’aval des Etats-Unis pour lesquels il s’agissait d’un antidote à la subversion communiste»1.
1. Yves Lacoste-SY, Dictionnaire géopolitique des Etats, p 54”
Alexandre del Valle, L’Arabie Séoudite,soi-disant allié de l’Occident: épicentre du séisme islamique dans le monde, 18 septembre 2000 (Islam Info) – lien désactivé
Carte
Crédit : CIA – The World Factbook (domaine public)
********ationArticles récents du Monde diplomatique
Alain Gresh, La plus obscure des dictatures: Fin de règne en Arabie saoudite, Le Monde diplomatique, août 1995
“Le royaume saoudien”. Dossier du magazine L’Express, 11 octobre 2001
Sarah Yizraeli, How Important is Saudi Oil?, The Middle East Quarterly, vol. VII, no 1, mars 2000
Nawaf E. Obaid, The Power of Saudi Arabia’s Islamic Leaders, The Middle East Quarterly, vol. VI, no 3, septembre 1999
Dany Shoham, Does Saudi Arabia Have or Seek Chemical or Biological Weapons?, Nonproliferation Review, vol. 6, no 3, printemps-été 1999 (format PDF, Acrobat Reader)
Mohammed Al Khilewi: “Saudi Arabia Is Trying to Kill Me” (entrevue), The Middle East Quarterly, vol. V, no 3, septembre 1998. Un ancien ambassadeur d’Arabie Saoudite, réfugié aux États-Unis, dénonce la corruption du régime de son pays
Laurie Mylroie, Kuwait and Saudi Arabia against Iraq, Middle East Intelligence Bulletin, vol. 3, no 2, février 2001

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